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Ibn Battûta Voyages III. Inde, Extrême-Orient, Espagne & Soudan

Ibn Battûta Voyages III. Inde, Extrême-Orient, Espagne & Soudan

Ibn Battûta Voyages III. Inde, Extrême-Orient, Espagne & Soudan

Auteur(e) :

IBN BATTUTA

Interprète :

Charles Defrémery

Éditrice(eur) :

La Découverte

Publier le numéro :

Première édition

Nombre de tomes :

1

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Ibn Battûta Voyages III. Inde, Extrême-Orient, Espagne & Soudan

L’Inde (deuxième partie)

Après avoir fourni, dans l’introduction du deuxième tome, un certain nombre d’éléments en liaison avec le texte, on doit aborder ici les questions générales soulevées par l’ensemble du voyage en Inde, en commençant par celle qui se pose pertinemment tout au long du récit : la question du pouvoir et de son exercice. Le problème se manifeste au départ à l’échelle d’un personnage, Muhammad bin Tughluk, sultan de Dihli, et s’élargit de proche en proche au pouvoir islamique en Inde et, au-delà, à l’éternelle question du despotisme oriental. Ainsi le lecteur se trouve renvoyé à la surprise annoncée au début de la préface du tome I, où le choix du texte d’Ibn Battûta se justifiait par la nécessité d’une vision interne de l’Orient, déformée sous le prisme de l’Occident. Or on se trouve maintenant confronté au récit d’un pouvoir odieux et d’une cruauté absurde, sans avoir les moyens de le récuser sous prétexte de visions biaisées et d’alibis culturels. Doit-on alors mettre les torts sur le compte d’un personnage ou d’une époque, ou bien faire une généralisation et traiter le récit comme un exemple parmi les plus significatifs et les plus probants des tares originelles de ce qui serait « le despotisme oriental » ? Mais voyons les choses dans l’ordre, p005 Ibn Battûta n’est pas le seul à nous décrire le bon et le mauvais gouvernement de Muhammad bin Tughluk. D’autres contem­porains indiens, notamment Ziya al-Din Barani, Budauni ou Isami, ont laissé des chroniques qui reprennent ou complètent les événements cités par notre auteur, en couvrant, en plus, la totalité du règne. Or ces auteurs sont encore plus critiques, et sévères à l’égard du souverain. Étant donné que Barani, par exemple, écrivait sous Firuz Shah, cousin et successeur de Muhammad Tughluk, lequel chérissait la mémoire de son prédécesseur, et que Ibn Battûta rédigea son récit en dehors de toute influence de la cour de Dihli, on a peu d’arguments pour récuser ces textes qui concordent et se complètent mutuellement.