Qu’est-ce que la charia ?
Qu’est-ce que la charia ?
Author :
par Mathilde Boireau
Persian Title :
Qu’est-ce que la charia ?
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Qu’est-ce que la charia ?
Libye, Tunisie, affaire "Charia Hebdo"... La loi islamique a de nouveau été propulsée au premier plan de l'actualité. Entourées de clichés, la charia et ses applications restent pourtant méconnues dans les pays occidentaux.
Fraîchement sortie de sa révolution, la Libye s'apprête à fonder sa nouvelle constitution sur la charia. Elle rejoindrait la quinzaine d'États qui appliquent déjà la loi islamique, des pays du Golfe à la plupart des États nord-africains, en passant par l'Afghanistan et le Pakistan. L'Occident s'inquiète, mais que recouvre vraiment le terme de "charia" ? 1. La voie pour respecter la loi de Dieu
En arabe, le terme "charia" signifie "voie", "chemin". Dans un contexte religieux, il désigne "le chemin, la voie d’accès pour respecter la loi de Dieu".
La charia est ainsi une sorte de code de conduite islamique, qui fixe aux musulmans un ensemble de règles, interdits ou sanctions.
Contrairement à une idée largement répandue en Occident, la charia ne concerne pas seulement l’aspect juridique de l’Islam, et en particulier le droit pénal.
Elle est bien la "loi islamique", mais dans un sens plus général : elle régit l'ensemble des droits et des devoirs tant individuels que collectifs des musulmans.
Un grand nombre d’aspects de la vie d’un musulman sont dictés par la charia :
Les règles alimentaires La tenue vestimentaire Les transactions financières Le droit de la famille L’héritage Les infractions pénales Les affaires judiciaires
2. Tout est affaire d'interprétation
Le problème, c’est que la charia n’est pas formellement codifiée dans un texte. Sur les 6300 versets que compte le Coran, seuls 80 sont assez précis pour fonder des règles pratiques. Le Coran ne mentionne d’ailleurs qu’une seule fois le terme exact de "charia" :
" Nous t’avons mis sur une voie (charia) selon un ordre ; suis-la, et ne suis pas les passions désordonnées de ceux qui ne savent pas. " (sourate 45, verset 18)
Le contenu de la charia est donc affaire d’interprétation. À partir du Coran et de la Sunna (guide de comportement tiré de la vie du prophète Mahomet), ce sont des juristes musulmans qui sont chargés de tirer les règles précises découlant de la charia.
La diversité des interprétations possibles explique que, selon les États, la charia soit appliquée avec plus ou moins de rigueur.
Au Soudan et en Arabie Saoudite, la charia est un code très restrictif, qui autorise certains châtiments traditionnels (lapidation, flagellation, amputation). Dans d’autres pays, comme en Égypte, la charia impose simplement de suivre des principes religieux généraux.
Un État peut donc très bien revendiquer la charia comme référence suprême et avoir une législation progressiste. 3. Une revendication idéologique avant tout
Dans la plupart des pays musulmans, le droit est certes influencé par la religion, mais le modèle juridique est souvent d’inspiration européenne (codification, procédures, organisation des tribunaux…). Reconnaître officiellement la charia ne signifie donc pas que ces règles soient les seules applicables, ni qu'elles soient prioritaires.
En réalité, la charia est davantage utilisée de nos jours comme un marqueur idéologique que comme une législation à proprement parler. Certains États entendent grâce à elle revendiquer leur héritage musulman, sans forcément en assumer toutes les déclinaisons pratiques.