Abû Tharr Al-Ghifârî Un Compagnon modèle

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Abû Tharr Al-Ghifârî Un Compagnon modèle

Après treize ans de souffrances et de luttes continuelles, le Prophète quitta la Mecque pour Médine, ayant estimé que la phase de la fragilité de l'Islam et de sa pratique secrète était terminée, et qu'il devait avec le concours de ses fidèles et courageux Compagnons construire le grand édifice de l'Etat islamique et poser la fondation de son régime politique conformément à la Volonté d'Allah. Dès son arrivée à Médine, le Saint Prophète y construisit un masjid (mosquée) ainsi qu'une maison adjacente dont la porte s'ouvrait à l'intérieur de la Mosquée, pour qu'il y habite. Dans cette nouvelle situation la vie du Prophète ne subit aucun changement. Il resta le même du début jusqu'à la fin. Sa conduite, ses manières et son comportement ne changèrent en rien même après l'instauration du Gouvernement islamique dans toute l'Arabie. Régime et un Etat islamiques émergèrent au milieu des deux super-puissances de l'époque (l'Empire perse et l'Empire romain). Dans cet Etat islamique il n'y avait pas de gouvernants et de sujets, ni d'officiers et de subalternes, ni de maîtres et d'esclaves. Tout le monde était égal devant Allah. Le Fondateur de ce régime rendit le dernier soupir, et la première déviation qui secoua la fondation de l'Islam et donna lieu à la formation de factions politiques au sein de la Communauté musulmane eut lieu avec la mise à l'écart de l'Imam `Ali du Pouvoir et du Califat (la succession du Saint prophète). Abû Tharr était l'un des plus dévoués et des plus courageux des Compagnons du Saint Prophète. Il était parmi les cinq premières personnes à embrasser l'Islam, et son épée était très efficace pour la défense du Prophète. Il était donc normal qu'il fût également l'un des premiers à s'alarmer en voyant que l'Imam `Ali qui incarnait la vertu et la vérité, était exclu des affaires de l'Etat islamique, alors que beaucoup de ceux qui gardaient encore de la rancune pour l'Islam s'étaient glissés à l'intérieur de l'organisation du Califat, et s'étaient appliquées à la ronger, comme des termites. Abû Tharr était donc terriblement inquiet pour l'avenir de l'Islam et les jours noirs qui l'attendaient. Il avait toutefois un motif de consolation, car il était confiant qu'en aucun cas la caravane de l'Islam n'arrêterait pas sa marche, et que même si un droit important avait été violé, le système islamique n'était pas remis en cause. C'est pourquoi, bien que très affligé par la privation de l'Imam Ali de son droit légitime de succéder au Saint Prophète à la tête de l'État islamique, il garda le silence. Mais lorsque `Othmân accéda au Califat, la situation changea. La population musulmane, et notamment les gens les plus démunis se trouvèrent à la merci des usuriers, des marchands d'esclaves, des nantis et des aristocrates qui fréquentaient la Cour de `Othmân et le Palais de Mu`âwiyeh. La classe distinguée et les possédants commencèrent à ressurgir et à présenter un grand danger pour la société musulmane, fondée sur l'égalité et la justice sociale. Les traditions du Prophète (P) en la matière furent abandonnées. Des sommes faramineuses furent dépensées pour la construction du Grand Palais du "Gouvernant islamique" (Mu`âwiyeh) à l'instar des Cours impériales. Alors que le Calife `Omar avait mené la vie d'un homme ordinaire, et qu'Abû Bakr n'avait pas hésité à traire les chèvres d'un Juif pour gagner sa vie, le 4 collier de l'épouse de `Othmân, le 3e Calife coûtait l'équivalent du tiers du revenu perçu d'Afrique! Alors que sous le Califat de `Omar, lorsque le fils d'un officier supérieur, usant indûment de la position de son père s'était emparé de force du cheval d'un homme, le Calife avait poursuivi en justice aussi bien le père que le fils, `Othmân, son successeur, n'a pas hésité à nommer Marwân Ibn al-Hakam - qui avait été banni par le Prophète - comme son conseiller et son "Super-vizir", et à lui offrir le domaine de Khaybar ainsi que le revenu de l'Afrique. Excédé par tous ces agissements indignes de l'Islam authentique, et ne pouvant plus garder le silence, Abû Tharr se souleva contre ce régime tyrannique et injuste. Ce soulèvement courageux conduisit tous les territoires islamiques à se révolter contre les injustices du gouvernement de `Othmân. Ses vagues mugissantes ont laissé des traces encore perceptibles dans l'histoire de l'humanité. Abû Tharr était soucieux de rétablir les valeurs islamiques abandonnées par l'administration de `Othmân au profit et à cause de la restauration de l'aristocratie anté-islamique. Abû Tharr considérait l'Islam comme étant le refuge de tous les déshérités, les dépossédés et les opprimés, alors que le gouvernement de `Othmân en fit l'instrument de la montée des aristocrates et des usuriers. Cette fracture entre Abû Tharr et `Othmân continua et finit par coûter cher au premier. La Toute-Puissance et l'Omniscience d'Allah étaient toujours présentes dans la conscience d'Abû Tharr. Aussi, ne se permit-il une seule seconde de s'écarter de Son Chemin ni d'oublier ses devoirs envers Lui. Il passa pour être "l'homme parfait" dans l'école de l'Islam, et cela suffit pour montrer sa grandeur. Le combat d'Abû Tharr pour la liberté et surtout pour la défense des laissés-pour-compte est toujours d'actualité. La même situation qui le conduisit à réunir autour de lui, en Syrie et à Médine, les nécessiteux et les opprimés pour les inviter à défendre leurs droits fondamentaux et à dénoncer les injustices dont ils étaient victimes, se répète ça et là de nos jours. Les Musulmans des quatre coins du monde se rappellent aujourd'hui ses mots fascinants, ses vues justes et ses discours enflammés. On peut dire qu'ils sont en train de revoir à travers cette histoire lointaine comment il avait rassemblé les opprimés et les dépossédés dans le masjid et attisé leurs sentiments contre les habitants des Palais verts et l'administration corrompue de `Othmân, en s'écriant: "Annonce un châtiment douloureux à ceux qui thésaurisent l'or et l'argent sans rien dépenser dans le chemin d'Allah". (Sourate al-Tawbah, 9:34) "O Mu`âwiyeh! Si tu construis ce palais avec ton propre argent, c'est un gaspillage, et si tu le construis avec l'argent du Trésor Public, c'est un abus de confiance! "O `Othmân! Ces pauvres sont devenus plus pauvres à cause de toi, et ces riches sont devenus plus riches, grâce à toi".