La causerie du conformisme (al-taqlid)
La causerie du conformisme (al-taqlid)
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La causerie du conformisme (al-taqlid)
Mon père a dit en commençant la causerie du conformisme (al-taqlîd) :
- Laisse moi t'expliquer, d'abord, le sens du conformisme.
Il consiste à ce que tu te réfères à un faqîh pour agir selon sa fatwa. Tu dois, donc, agir en fonction de ce qu'il a ordonné et éviter ce qu'il a proscrit sans réflexion, vérification ou sélection. En le faisant, tu mets ton acte, tel un collier, autour du cou du faqîh ayant prononcé la fatwa et tu lui fais porter la responsabilité devant Dieu.
Mais pourquoi faut-il suivre ou se conformer à l'avis d'un faqîh?
- Tu sais déjà que le Législateur Sacré t'a ordonné de faire des choses et t'a interdit de faire d'autres... Il t'a ordonné des obligations que tu dois en tout cas accomplir et t'a défendu de commettre des interdictions. Mais qu'est-ce qu'Il t'a ordonné? Et qu'est-ce qu'Il t'a défendu? Quelques-unes unes de Ses injonctions sont claires dans la loi légale (al-shar?‘a). Tu peux, grâce à ton éducation engagée, discerner quelques-uns uns de Ses injonctions et de Ses interdictions. Mais la majorité écrasante d'entre-elles restera pour toi, et pour beaucoup d'autres, inconnue ou confuse.
Mon père ajouta :
- Tu sais que la loi musulmane a traité tous les domaines de ta vie. Elle a émis pour chaque situation une règle ou un jugement. Comment peux-tu connaître la règle légale relative à telle ou telle question durant l'exercice de tes diverses activités? Comment peux-tu savoir que tel acte est licite aux yeux de Législateur Sacré et que l'autre est jugé illicite par Lui et que tu dois, par conséquent, l'éviter?
Crois-tu que tu puisses revenir pour n'importe quelle question, petite ou grande, aux preuves légales pour déduire la règle légale?
Et pourquoi pas!?
- Le temps qui sépare ton époque de celle de la législation est trop grand. A cette distance temporelle, il faut ajouter la perte de plusieurs textes légaux, les évolutions linguistiques et l'apport insidieux des inventeurs des hadiths apocryphes ce qui rend très difficile la déduction des règles légales.
La situation se complique davantage lorsqu'on évoque l'authenticité discutable de quelques rapporteurs de chroniques et de hadiths.
Mais, supposons que, d'une façon ou une autre, tu as pu authentifier la véracité, la minutie et la sincérité des rapporteurs de tel ou tel texte et aussi, à réduire la distance temporelle en comprenant avec exactitude le sens des mots, est-ce que, pour autant, tu crois pouvoir maîtriser un savoir profond, étendu, très ramifié et riche de préambules détaillés te permettant de répondre à tes nombreuses interrogations?
Que dois-je faire donc?
- Tu dois te référer aux spécialistes de cette science c'est-à-dire les fuqahâ’ pour puiser tes règles auprès d'eux et les suivre non seulement dans le domaine de la jurisprudence, mais dans toutes autres sciences. La civilisation moderne a développé la spécialisation dans toutes sciences. En effet, chaque science a ses hommes et ses spécialistes vers lesquels on se retourne pour trouver les réponses adéquates à des questions relatives à telle ou telle science.
Mon père poursuivit en disant :
- Prenons un exemple touchant à la médecine. Que ferais-tu si -que Dieu te garde en bonne santé!- tu tombes malade ?
Je consulte un médecin. Je lui expose mon état de santé afin qu'il puisse diagnostiquer la pathologie et me prescrire le médicament adéquat.
- Mais pourquoi ne ferais-tu pas le diagnostic et ne te prescris-tu pas le médicament tout seul?
Car je ne suis pas un médecin.
- C'est le cas aussi pour la jurisprudence. Tu as besoin de te référer à un faqîh spécialiste pour connaître les commandements et les interdictions de Dieu et pour lui exposer ton problème légal, de la même façon que tu consultes un médecin spécialiste pour des questions médicales ou pour savoir la nature de ta maladie.
Par conséquent, tu as besoin de te conformer à l'avis d'un faqîh dans le domaine de sa spécialité comme tu as besoin de suivre ou de te conformer à l'avis du médecin dans les questions médicales.
Et puisque tu vas tout faire pour trouver le médecin vertueux et compétent dans son domaine surtout lorsque ta maladie est grave, tu es tenu d'agir de la même façon pour trouver un faqîh expert en sa matière pour te conformer à son avis et puiser la règle légale chaque fois que les circonstances l'imposent.
Mais comment pourrais-je savoir que tel homme est un faqîh? Et qu'il est le plus savant et le plus vertueux des fuqahâ’?
Mon père répondit en disant :
- Laisse moi te poser une question. Comment peux-tu savoir que tel médecin est vertueux et qu'il est le meilleur dans son domaine pour que tu lui confies ton corps pour le soigner?
Je lui ai répondu :
Je le saurais en interrogeant les personnes intéressées par la médecine, qui ont de la connaissance et de l'expérience en la matière ou en prenant compte de la renommée populaire et professionnelle du médecin en question.
- Exactement... Et c'est de la même façon que tu peux connaître le faqîh ou le faqîh le plus savant.
Tu poseras la question à une personne respectueuse des obligations et des interdictions, digne de confiance, jouissant de nombreuses qualités dont la capacité, le savoir, l'équité et l'expérience nécessaire pour distinguer le niveau scientifique des personnes selon leurs domaines.
Il se peut aussi que l'information concernant la connaissance et le savoir approfondi d'un faqîh en comparaison avec ses collègues soit répandue et diffusée de telle sorte que cette grande réputation te permette d'avoir la certitude que la personne en question est la plus compétente et la plus savante.
Hormis un savoir profond dans la jurisprudence, y a-t-il d'autres conditions que doit réunir la personne qu'on doit suivre après avoir atteint l'âge mûr?
- Le faqîh que tu dois suivre doit être un homme, ayant toutes ses capacités mentales, croyant, juste, vivant et non mort, de naissance saine -qui eut lieu selon les règles et les critères légaux-, qui n'est pas fréquemment sujet d'erreur, d'oubli ou d'inadvertance (al-ghafla).
Très bien! Me voici donc un homme mûr. Tu m'as appris des choses sur le conformisme (al-taqlîd). Mais que dois-je faire maintenant?
- Tu dois suivre le faqîh le plus savant de ton époque. Tu dois agir selon ses fatwas dans toutes tes actions... que ce soit pour les règles des ablutions partielles (al-wud.ü’), des grandes ablutions (ghusl), la purification avec du sable ou avec de la terre (al-tayammum), la prière, le jeûne, le pèlerinage, le quint (al-khums), l'aumône légale (al-zakât) etc... Tu dois aussi te conformer à son avis dans tes échanges... tels que dans les opérations d'achat, de vente et de transaction financières, le mariage, le labeur, la location, le gage, le testament, la donation, le legs pieux (al-waqf) etc ...
Puis, j'ai commencé à énumérer d'autres domaines avec mon père...
Le commandement du bien et l'interdiction de blâmable, la foi en Dieu, en Ses prophètes et Ses messagers, et...
- Non! La croyance en Dieu, en l'Unicité, en la prophétie de notre prophète Muhammad (pbAsl), en les douze Imâms (bs eux), et au Jour Dernier... sont des questions au sujet desquelles on ne peut se conformer à quiconque. Elles font partie des fondements (al-us.ül) de la religion et le conformisme n'est pas permis dans ce domaine. Tout musulman doit croire en cela avec une catégorique conviction, sans doute, sans confusion et sans distorsion dans l'espoir de chercher et atteindre une foi pure en Dieu. Tout musulman doit utilisé, à cet effet, toutes les capacités mentales que Dieu lui a octroyées afin d'avoir une conviction complète et inébranlable...
Bien... N'ai-je pas le droit de se conformer à l'avis d'un faqîh en dépit de l'existence d'un autre faqîh plus savant dans son domaine?
- Tu peux le faire si tu ignores qu'il y a des différences entre les fatwas de ce faqîh et celles du faqîh le plus savant concernant le sujet qui t'intéresse.
Et que faire si je suis l'avis du faqîh le plus savant qui n'a, cependant, pas émis de fatwa relative à mon interrogation ou qui en a une mais je n'arrive pas à la connaître?
- Tu dois te référer au faqîh qui se classe juste après lui dans le domaine du savoir.
Et si tous ces fuqahâ’ ont le même niveau de savoir?
- Dans ce cas, tu te réfères à celui qui est le plus dévot, c'est-à-dire celui qui est plus constant et plus vigilant dans les avis et les fatwas qu'il prononce.
Et si aucun d'eux n'est plus dévot que les autres?
- Alors, tu peux agir selon la fatwa d'un d'entre eux sauf dans quelques cas particuliers où tu dois faire preuve de précaution et que je ne peux t'exposer maintenant.
Bien... Je peux, en cas de besoin, consulter un médecin pour avoir son avis sur mon état de santé, mais comment pourrais-je savoir les fatwas du faqîh que je dois suivre concernant mes questions légales (religieuses)? Comment pourrais-je les atteindre pour les mettre en pratique? Dois-je le consulter pour toute chose?
- Tu peux savoir sa fatwa en lui posant directement la question, ou en t'adressant à un homme digne de confiance et connu par son intégrité dans la transmission de ces fatwas ou en te référant à ses écrits, notamment à son épître pratique à condition d'être certain de son authenticité.
Et si je te demandais, toi l'homme de confiance et d'intégrité, de m'aider à connaître les fatwas du faqîh que je dois suivre...
- Mon père sourit, alors, avec gravité et sérénité puis se redressa. Une lueur étincelante traversa ses yeux annonçant, déjà, le rendez-vous de notre prochaine séance.
- Il répondit : Entendu. Nous commencerons par la prière.
Puis, il ajouta :
- Mais la prière exige la pureté (al-t.ahâra) de la personne de toute souillure pouvant affecter sa pureté.
Mais qui peut souiller la pureté de la personne?
- La pureté de la personne est souillée par :
1 - des choses matérielles relevant de l'action des sens telles que les impuretés (al-najâsâ).
2 - et des choses morales imperceptibles aux sens, même lorsqu'elles surviennent. Je fais allusion ici à l'impureté majeure (al-janâba), aux menstrues (al-hayd.), à la perte anormale de sang chez la femme (al-istihad.a), à l'écoulement sanguin après l'accouchement (al-nifâs), au fait de toucher un mort, au sommeil, à l'écoulement d'urine ou d'excréments, aux flatulences. Toutes ces choses imposent qu'on les enlève soit par des ablutions mineures (al-wud.ü’), soit par des ablutions majeures (al-ghusl) soit, enfin, par la purification avec du sable ou de la terre (al-tayammum).
La structure de ce travail nous amène avant de parler de la prière, à commencer, d'abord, par notre discussion sur les impuretés. On va les définir avant d'évoquer leurs «purificateurs» garantissant la pureté du corps de tout ce qui peut la souiller et l'affecter.
Nous poursuivrons en précisant ce qu'il faut faire en cas d'impureté, notamment pour savoir quand faut-il «la laver avec des ablutions partielles (al-wud.ü’)» ou «l'essuyer avec la purification sèche (al-tayammum)» et ce en fonction de la nature cette impureté : de l'urine, des excréments, des flatulences, le sommeil, une perte minime et anormale de sang chez la femme etc...
Nous continuerons notre dialogue en précisant les cas où il est obligatoire de «la laver avec des ablutions majeures (al-ghusl)», ou «l'essuyer avec la purification sèche (al-tayammum)», que cette impureté soit une impureté majeure (al-janâba), des menstrues (al-hayd.), une perte anormale de sang chez la femme (al-istihad.a), un écoulement sanguin après l'accouchement (al-nifâs) ou le fait de toucher un mort.
Lors de la causerie de la prière, nous essayerons d'écarter de notre chemin tout ce qui empêche ou gêne le rapprochement au Dieu (qu'Il soit exalté) pour jouir à la fin du plaisir de se tenir debout devant Lui pour Le glorifier, Le louer, attester de Son Unicité, se délecter de notre passion ardente pour Lui et L'implorer pour qu'Il nous compte parmi ceux qui ont le cœur profondément épris de Son amour.
Après la discussion sur la prière, nous débattrons des sujets aussi important tels que le jeûne, le pèlerinage etc...
Nous commencerons donc par les impuretés?
- Oui, nous en parlerons après demain si Dieu le veut.
Si Dieu le veut
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