C’est quoi un salafiste ?

C’est quoi un salafiste ? 1. À l'origine

Mahomet

Prophète fondateur de l'Islam,son nom est Muhammad ou Modammed, en arabe, qui signifie "comblé, digne d'éloges/de louanges"

C'est à lui que l'archange Gabriel se serait adressé en 610, sur le mont Hira, (5km de La Mecque), pour lui annoncer la parole d'Allah. Pendant 23 ans, Mahomet transmet par oral cette parole à ses disciples.

Premiers compagnons du Prophète

Le salafisme est un mouvement sunnite (de "sunna", "pratiques du prophète"). Les"salafs" désignent les "prédécesseurs", c'est-à-dire les premiers compagnons du prophète Mahomet, puis leurs successeurs pendant deux générations. Aujourd'hui, les salafistes les prennent pour exemple pour revendiquer un retour à l'Islam des origines, le plus "pur", selon eux. Ils considèrent que toute innovation de l'Islam pervertit la religion.

Les premiers convertis sont la femme de Mahomet, Kadhidja, son cousin Ali, son serviteur Seïd, un esclave qu'il a affranchi, son oncle Abu Talib et son beau-père Abou Bakr. Ce dernier "remplace" Mahomet après sa mort en 642, devenant ainsi le premier "calife".

Le mot calife désigne, depuis, tous les successeurs du prophète à la tête de la communauté musulmane. L'ordre de succession au califat fut ensuite le suivant: Umar (642-644), Uthman (644-656), et Ali (656-661). 2. Les deux grands fondateurs du salafisme

IXe siècle : Ahmad Ibn Hanbal

L'imam Ahmed ibn Hanbal (780-855) est le premier à prôner un islam rigoriste appuyé sur un appel aux ancêtres et condamnant les innovations théologiques. Après sa mort, sa doctrine donne naissance à une école juridique : le hanbalisme, présent surtout en Arabie Saoudite de nos jours.

XVIIIe siècle : Abdel-Wahhab

Mohamed ibn Abdelwahab (1703-1792), reprend, au XVIIIe, les idées d'Ahmed ibn Hanbal.  Sa doctrine s'appuie sur deux grands principes : seuls les textes fondateurs font autorité, et seul Allah doit être adoré (et non les sages ou les "saints"). Sa doctrine donne naissance au dogme wahhabite. 3. Aujourd'hui

En France

On compte environ 12 000 salafistes français, dont un tiers sont des catholiques ou protestants convertis. Comme les salafistes arabes, ils suivent les préceptes de théologiens d'Arabie saoudite, portent la barbe et la djellaba du prophète Mahomet pour les hommes, et le niqab (voile intégral) pour les femmes. Certains salafistes plus modérés, les "quietistes", réfutent néanmoins le port du voile intégral des femmes musulmanes en France.

Samir Amghar, membre de l'Institut d'études de l'islam et des sociétés du monde musulman à Paris (IISMM-EHESS), explique au Monde.fr que les manifestants devant l'ambassade des Etats-Unis à Paris le 15 septembre (en réaction au film "L'innocence des musulmans") n'étaient pas des salafistes.

Dans les pays arabes

- En Égypte: aux législatives du 11 janvier 2012, les salafistes du parti Al-nour ont obtenu 25% des voix, arrivant en deuxième position derrière les Frères musulmans (36%). Ils réclament l'établissement d'un État islamique.

- En Tunisie: ils ne se sont pas présentés aux élections mais sont très actifs dans les universités, où ils tentent d'imposer la séparation entre hommes et femmes. Ce sont souvent des diplômés tunisiens partis en Arabie saoudite étudier dans les universités islamiques.

- En Arabie Saoudite : En 1744,  le théologien Abdel Wahhab passe un pacte avec un émir, Muhammad Ibn Sa'ud. Ils se jurèrent fidélité réciproque pour établir le règne d'Allah sur terre, même par les armes. Ce pacte aboutit à l'État wahhabite. Plus tard, la famille Sa'ud, en 1932, allait fonder le royaume d'Arabie Saoudite.  Depuis, le royaume contribue avec d'autres pays du Golfe à financer et promouvoir le salafisme, qui s'est progressivement propagée à travers le monde, notamment via la ligue islamique mondiale.

La principale divergence entre le salafisme classique et le wahhabisme porte sur le thème de l'État islamique : le wahhabisme se satisfait d'un dirigeant local, tant qu'il fait appliquer la charia, tandis que le salafisme souhaite un retour au califat (chef de la communauté musulmane) pour l'ensemble des croyants. par Bénédicte Lutaud.