Moïse, figures d’un prophète
Moïse, figures d’un prophète
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Moïse, figures d’un prophète
La figure de Moïse, « Mosheh» משה en hébreu, occupe une place centrale dans le judaïsme comme religion et comme civilisation. Comme religion: la première partie, considérée comme la plus sainte, du corpus biblique juif, la Torah, est communément appelée «Torat Mosheh», la «Loi de Moïse»: celle-ci, récitée par section chaque semaine à la synagogue, fut, d’après la tradition religieuse juive, révélée à Moïse au mont Sinaï. Débutant par le récit de la création du monde, elle s’achève sur le récit de la propre mort de Moïse. Non seulement celui-ci reçut par écrit l’ensemble des commandements divins structurant la religion juive, mais la tradition juive fait également de lui le dépositaire de l’interprétation orale de ces mêmes commandements, transmise de génération en génération avant sa mise par écrit dans les premiers siècles de notre ère. Moïse est ainsi la figure la plus importante des prophètes bibliques, le seul à avoir parlé à Dieu «panim el panim», «face à face». Il dépasse les prérogatives des autres prophètes de la Bible dans la mesure où il ne se restreint pas à la transmission du message divin, mais où il l’interprète. Ainsi, plus encore que prophète, il incarne la figure du maître qui enseigne et qui guide. Comme civilisation: la Torah investit la figure de Moïse d’un rôle de guide politique, se confrontant à Pharaon et libérant les Hébreux de l’esclavage d’Égypte. Plus encore que la geste d’Abraham, celle de Moïse fait passer les Hébreux de l’état de peuplade à celui de société structurée autour d’un code de lois et d’un legs culturel hérité des patriarches Abraham, Isaac et Jacob. Les expériences de la sortie de l’esclavage, suivies de celles de la traversée du désert et du don de la Torah, sont ainsi comprises comme les fondements d’une conscience politique du judaïsme à même de déterminer les futures «institutions» du peuple juif.